Semaine 39 - Quand la mort rôde en Ontario... (Ontario)

7 mars 2018

Semaine 39 - Quand la mort rôde en Ontario... (Ontario)

Allo la gang,

Après une matinée rangement et un bon dernier dîner, c’est le moment de dire au revoir à Sandra, Craig, Lois, Lena et Cinder. Nous avons passé de bons moments avec eux, et cuisiné de très bonnes recettes dans leur superbe maison.

Nous prenons donc la route pour Lago Vista Farm à 45 minutes de Hastings, de l'autre côté du Rice Lake. Richard nous accueille à notre arrivée, il semble plutôt sympathique. Il remplace Wesley pendant sa convalescence qui vient de subir une opération du dos. Je ne sens pas trop cet homme, et je remarque que Mia, la chienne attachée à un arbre 24/24h, aboie sur son passage. Seul point positif : la vue impressionante sur le Rice Lake.

Je n’aime pas la chambre, il y règne une étrange odeur. Mes maîtres font une drôle de tête en voyant que le dernier helpeur a laissé ses draps sales sur le lit, et que personne ne s’est occupé de préparer cette chambre pour eux… Leur première impression ne semble pas très bonne. Richard, qui n’a pas l’air de le remarquer, propose de leur montrer la ferme. Leur deuxième impression ne semble pas meilleure quand ils aperçoivent deux porcinets morts juste devant l’enclos des cochons… Richard ne semble toujours pas gêné et leur fait bien comprendre que ce n’est pas leur affaire.

Vera, Hanna et Jujaj, les autres helpeurs, rentrent enfin de la collecte de la sap (pour le sirop d’érable). Mes maîtres remarquent le mouvement de recul qu’ils ont en apercevant Richard… Et tout le monde semble heureux de le voir quitter la ferme ! Pendant la soirée, les 2 jeunes allemandes et le slovaque expliquent au couple français que tout est bizarre ici. Les helpeurs sont livrés à eux même, il manque de la nourriture pour les animaux, Richard leur parle mal et est très intrusif et… Et en plus avec la fonte de la neige, ils auraient découvert de nouveaux cadavres !

Il ne reste plus qu’à nourrir au biberon les agneaux abandonnés dès leur naissance par leur maman, et on essaye de dormir malgré les bruits étranges de la maison et la course-poursuite que se livrent les souris ou les rats dans le faux plafond.

Le matin suivant Delphine et Guillaume découvrent une partie de la routine. Ils voient comment nourrir les poules et les cochons.

Les vaches et les moutons n’ayant pas de nourriture devront attendre l’arrivée de Richard, parti acheter des sacs de céréales. Il arrivera après le dîner. Une fois que les vaches et les montons ont mangé, il nous demande de déplacer les sacs de paille des agneaux jusqu’au fumier.

Quelle surprise de découvrir un agneau mort dans un sac poubelle, juste à côté de l’entrée principale de la maison ! Etant donné qu’il doit être là depuis plus de 3 semaines et qu’il fait plus chaud qu’en France, nous avons trouvé d’où provenait l’odeur de notre chambre, qui se trouve à moins de 3 mètres de là !

Richard ne trouve rien d’autre que de dire aux helpeurs « Pourquoi avez-vous été curieux ? ».

Guillaume, curieux de nature, se balade un peu autour de la maison et trouve effectivement quelques animaux morts, laissés à l’abandon dans les champs. Certains ne sont plus entiers après le passage des charognards, ou des 2 autres chiens qui préfèrent une patte de vache aux croquettes que nous leur donnons…

S’en est déjà trop, pendant leur temps off, mes maîtres cherchent une nouvelle place, malgré la bonne ambiance entre helpeurs !

Mercredi, après la routine, nous devons aller aider Jasper qui s’occupe du sirop d’érable. Enfin une bonne nouvelle ? Une nouvelle arnaque oui… Il habite à 30 minutes en voiture, et ne travaille pas pour la ferme. Qu’importe ! Lui au moins est sympa, et je peux profiter de sa forêt où il n’y règne pas une odeur de mort, comme à la ferme.

À notre retour, Richard guette notre arrivée depuis sa voiture. Il ne semble pas apprécier le fait que nous ayons acheté quelques bières et du vin…

Une bonne nouvelle nous attend dans notre boîte de réception. Une dame est prête à nous accueillir dès vendredi ! Nous annonçons donc la nouvelle au trois autres helpeurs. Mes maîtres leur proposent un « lift » à la gare d’autobus si besoin (sans voiture, ils sont coincés dans cette ferme).

Vera semble inquiète, elle n’a nul part où aller et n’a pas le temps de s’organiser.

Ce n’est que le lendemain, après une discussion matinale avec Sandra et Craig, que Guillaume annonce aux deux allemandes qu’il leur a trouvées une place de rêve. Leurs anciens hôtes seraient ravis des les accueillir dès le vendredi, même si Vera est vegan. Surtout vu l’urgence de la situation ! Juraj, quand à lui, quittera la ferme le même jour pour continuer son périple. Le dernier jour de travail sera intense à nettoyer les lignes de nourriture des moutons et à enlever les détritus de leur pâturage.

Le vendredi, nous revoici donc en route pour Hastings après avoir nourri les animaux (quand même). À l’arrière de la voiture, les deux allemandes se partagent ma banquette. Je me souviens de leurs têtes émerveillées quand nous sommes arrivés chez Sandra et Craig ! Elles semblaient vraiment heureuses d’enfin connaitre la bienveillance d’une famille canadienne.

Mes maîtres sont restés pour dîner et raconter leur terrible aventure de la semaine. Ils en ont aussi profité pour aller se balader avec Cinder, Lena, Vera et Hanna dans la propriété, avant de reprendre la route pour rencontrer cette fameuse dame chez qui ils ont prévu de rester indéfiniment…

Je crois reconnaître de la reconnaissance dans les regards échangés entre mes maîtres et les jeunes allemandes ! Ils se promettent de se retrouver la semaine suivante autour d’une bière !

Nous voici donc arrivés à Martin House Farm, à Keene. Melanie est une charmante dame d’un certain âge.

Elle aussi a été horrifiée par leur récit, et mandate dès le lendemain matin un de ces amis fermier pour qu’il se rende à Lago Vista Farm, afin de se renseigner sur la situation de la ferme. Son verdict tombe une heure plus tard : les français ne se sont pas trompés. Il (ainsi que Melanie, Sandra et Craig) leur recommande (très) vivement de prévenir la SPA, afin qu’ils ouvrent une enquête !

Une fois les mails envoyés, mes maîtres ont plus de temps pour découvrir une autre wwoofeuse qui est arrivée en même temps qu’eux : Astrid, une jeune artiste française de 26 ans qui vit à Montréal depuis juin. Et, c’est peut-être la chose la plus drôle de la semaine, Astrid a été dans la même classe que Capucine (la sœur de Guillaume) pendant un an aux ateliers de Sèvres !

On débute donc notre week-end de wwoofing avec chacun ses tâches : Astrid sera en charge de peindre dans la maison, pendant que Delphine taille les érables, et que Guillaume commence à défraichir la bordure d’un champ. Les 3 wwoofeurs se retrouvent l’après-midi à faire un beau feu avec tout le bois qu’a coupé Guillaume le matin.

En plus de cuisiner pour ses wwoofeurs, Melanie est très gentille et intéressante. Elle est la femme de feu Michael Robinson : un des peintres natifs des premières nations les plus connu. Il est encore exposé dans le musée de Toronto.

Je dors avec mes maîtres dans le « studio », une superbe cabane chauffée au poêle à bois, qui était l’atelier de ce fameux Michael. Il y a encore la presse, quelques reproductions de ses œuvres. Le studio et la maison sont décorés de beaucoup de ses tableaux, pour le plaisir des yeux des trois français !