Un petit coin de Paradis au bord du Mékong (Luang Prabang - Laos)

26 février 2020 – 7 mars 2020


Si mes maîtres traversent près de la moitié du Laos d'une traite, c’est pour rejoindre dans les temps leur deuxième volontariat en Asie du sud-est.
Heureux d’en finir avec le scooter, ils passeront une bonne quinzaine d’heures dans le bus avant d’arriver à Luang Prabang.
La première étape du trajet se passe bien, avec Axel et Marie, dans un bus surchargé. Pas mal de locaux sont entassés au niveau inférieur de l’engin. Ils dorment tranquillement installés sur leur sacs.
Les quatre français retrouvent Julie à Vientiane, elle les avait précédé d’une nuit.
Ils ont juste le temps de souper ensemble avant que mes maîtres enchaînent avec leur bus de nuit.

Ils arrivent vers 5 heures du matin à Luang Prabang, la ville dort encore. Une bonne partie devrais-je dire. Les français ont la chance d’assister à l’aumône des moines.
Effectivement tous les matins aux aurores du jour, ces moines lao-bouddhistes traversent la ville en file indienne, méditants et présentant leur bol à offrande.
Les habitants et quelques touristes donnent une poignée de riz à chaque moine, les plus vieux ouvrent la marche.
Mes maîtres observent respectueusement ce cortège de plusieurs centaines de moines.
Quelques habitants essayent de leur vendre un peu de riz pour le prix équivalent de quelques repas…
C’est la première fois que je vois d’aussi près, défilé autant d’humains silencieux avec le crane rasé et de belles tuniques de safran !
Ils ont fait vœux de pauvreté et ne se nourrissent que des dons des populations locales.

C’est imprégnés de cette ambiance solennelle que mes voyageurs cherchent un endroit où se poser en attendant de rejoindre la ferme.
Om les a déjà prévenu que le bateau passera les chercher vers 7 heures. Ils tombent sur le seul endroit déjà ouvert, qui sert une sorte de bouillie prometteuse !

C’est après 40 minutes de bateau que les voilà enfin rendus à la Mekong Eden Farm.
Om le fermier les y accueille chaleureusement et leur fait visiter ce magnifique endroit !
Avec son équipe de 4 locaux du village situé sur l’autre rive du Mékong, Pak Long, ils y pratiquent la permaculture.
Pour faire simple, la permaculture consiste à créer des écosystèmes où l’intervention de l’homme est la plus limitée possible. Ce principe est basé sur l’observation de la nature, par exemple on va rechercher quelle plante est complémentaire avec une autre.
Ce système va s’auto-réguler et devrait devenir durable.

Le laotien vit dans une sorte de préau dans lequel se trouve la cuisine et son lit. Mes maîtres logent dans une cabane en bambou traditionnelle qu'il a récupéré à son ancien village. Il reçoit souvent des clients airbnb qui dorment dans la pièce près de celle de ses volontaires.
Malgré le fait que c’est la saison sèche, le jardin offre énormément ! Il regorge entre autre de tomates, salades, papayes, bananes, café… Finalement les seuls choses que doit acheter Om semblent être l’essence, le riz et les bières… Il produit tout le reste sur son petit bout de paradis.
Les missions des français sont simples : ils commencent le journée vers 6 heures, et arrosent avec Van et Auj. Ils sont équipés d’arrosoirs et cela prend du temps ! La côte félée de Delphine la fait souffrir, au bout de deux matinés elle préparera la boue en avance pour le chantier.
En parallèle, Guillaume ramasse la bouse du buffalo et la mélange à de l’eau. Les vers de terre font le reste et transforment ces déjections en or vert comme le dit si bien Om.
Ce compost est le seul intrant qui permet de faire pousser quelque chose sur cette terre très sèche.

Daniel, un allemand passionné de permaculture vient agrandir l’équipe.

Pu est la cuisinière, à chaque repas elle régale l’équipe avec ses mets excellents !
Le riz gluant constitue la base de chaque plat, matin, midi et soir, parfois c’est épicé, parfois moins. Delphine ne peut pas tout manger, la laotienne le remarque et lui préparera une portion non épicé rien que pour elle.

Le buffalo souffre d’une maladie de peau, La lui prépare une sorte de baume et le masse tous les jours.

Au bout de quelques jours, Om annonce à ses volontaires qu’il quitte la ferme jusqu’à leur départ. Les européens sont déçus… En effet ils sont surtout venus pour échanger avec ce ponte de la permaculture !
Il est tellement reconnu dans le milieu qu’il part animer une conférence pour les jeunes leaders asiatiques. Il a même rencontré Obama pour discuter de son exploitation et de sa vision de l’agriculture.

Les volontaires savent ce qu’ils doivent faire et l’équipe de Om reste là pour les guider.
Il y a néanmoins un petit soucis : les quatre employés laotiens ne parlent que le lao !
Fort heureusement, le langage des signes est universel, et mes maîtres se souviendront longtemps de ces tentatives d’échange qui se soldent le plus souvent par une crise de rire !

Les jours passent et mes français avancent dans leur mission principale : commencer la construction de la maison du paysan !
Delphine remplace le buffalo d’eau. Elle crée la boue qu’elle mélangera ensuite avec des feuilles de bambou pour y ajouter de la fibre.
Son cheum nettoie le terrain, casse un pan de roche pour créer un mur et récupérer les pierres qui lui serviront à commencer les fondations.
Daniel aide ma maîtresse dans la boue et surtout à ramasser les feuilles. Il préfère pailler le jardin pour retenir l'humidité et empêcher les mauvaises herbes de s'installer.
Om l’a déjà demandé plusieurs fois à son équipe mais ils refusent de le faire n’y voyant pas d’intérêts... Ils travaillent traditionnellement et cette méthode est trop novatrice pour eux.

Un mexicain vraiment étrange loue le B&B pour une dizaine de jours, il a trop fait la fête et passe ses journées à manger et méditer. Dès qu’il ouvre la bouche, il a un discours très moralisateur, je vais devoir cohabiter avec lui sur cette petite ferme un moment...

Généralement, après une journée de travail dans la chaleur, ma maîtresse fait une sieste dans le hamac puis fait du yoga devant le Mékong. Plusieurs fois, je couine fort l’avertissant du danger : un petit scorpion a élu domicile dans le tapis qu’elle utilise.
Même s’il est ridiculement petit, il se déplace vite et est dangereux pour les humains. S’il faut une grosse demi-heure de bateau pour atteindre la ville, je te laisse imaginer le temps qu’il faudrait pour gagner l’hôpital… Ceci dit, j’imagine que quelqu’un dans n’importe quel village doit savoir gérer ce genre de problème.
Alors que sa blonde fait des salutations au soleil (couchant), Guillaume profite de la vue depuis la salle de bain, et de l’eau encore tiède.

La nuit tombe vite et il n’y a qu’un générateur pour donner du courant sur la ferme. Les soirées se passent donc au coin du feu, à la bougie et avec la lumière des lampes frontales. C’est plutôt agréable et reposant, le corps de mes humains semble écouter son rythme naturel.

Le premier mur des fondations est fini et est à peu près à niveau. Les français sont contents de voir ce chantier avancer. C’est alors qu’une journée de pluie torrentielle s’attaque à ce mélange terre-bambou. Icite on appel ça la pluie des manguiers, c’est une période d'averses qui arrivent avant la saison des pluies. Généralement les mangues murrissent à cette période de l'année.
Ouf le mur a résisté à son premier test grandeur nature !
Les voyageurs attaqueront le second dès le lendemain. 

C'est leur jour off ! Les français décident de sortir de la ferme, mais pas sans le bateau de La ! Le laotien les dépose au village suivant. Les touristes ne passent que rarement par ici, et les habitants les ignorent pour la plupart. Aucun moyen de locomotion pour se rendre à leur destination... Ils marchent le long de la route en faisant du stop. C'est un tuk-tuk qui s'arrête au bout d'un petit quart d'heure, avec à l'arrière un couple de français. Le temps d'arriver aux fameuse Kuang Si Falls, les quatre européens ont le temps d'observer les dégats qu'à fait la tempête deux jours plus tôt. La ferme d'Om a été épargnée ! Il était impossible pour Delphine et son cheum d'imaginer que le vent et la pluie avaient fait tomber des arbres, renverser des serres...

Le fil de mes pensées est perturbé quand j'apperçois Julie et Marie ! Mes maîtres m'ont caché qu'elles séjournent quelques jours à Luang Prabang. Clotilde les accompagne, cette amie de Marie arrive tout droit d'Indonésie.
Le trail le long et au-dessus des chutes d'eau est magnifique. Même si le ciel est un peu couvert, les cascades sont sublimes et l'eau limpide est plus que tentente. Mais attention ! Au Laos, les femmes doivent se baigner en t-shirt et en short.
Je dois avouer que les quelques occidentales qui ne respectent pas cette "tradition", ne semblent pas tant que ça déranger les locaux du genre masculin...

Marie et Guillaume ne peuvent pas résister à l'appel de cette eau, ma maîtresse y trempera les pieds mais sortira vite quand elle appercevra la multitude de poissons venant se nourrir des peaux mortes de humains !

Entre l'absence de Om sur sa ferme, et l'arrivée de leurs amis dans les parages, mes maîtres décident de quitter "Mékong Eden Farm" et de passer quelques jours à Luang Prabang, en ville.
Mais ils ne peuvent pas partir comme ça ! Ils organisent donc une journée découverte de la permaculture. Les 5 voyageurs débarquent avec le plein de bières, ce qui ne laisse pas indiférent les employés du fermier. Pu régale ses wwoofeurs d'un jour d'un somptueux déjeuner, elle a même préparé une sorte de pain cuit au four à bois pour l'occasion.
Impossible de partir sans avancer encore un peu le chantier en cours.
Tout le monde se met les mains dans la boue. Clotilde gère les feuilles en bambou, Delphine et Julie transforment la terre-bambou, Marie et Guillaume montent le deuxième mur de fondation.

Tout se déroule bien jusqu'à l'inévitable bataille de boue... Décidément les humains sont incapables de rester sérieux.
Difficile de dire adieu à se petit coin de Paradis laotien.

 

Luang Prabang se trouve être une agréable ville aménagée pour les touristes. Il y est même possible de se trouver des patisseries, de succulentes pizzas et du vin français, et de jouer au bowling.
Mon groupe visitera le temple Vat Xieng Thong : les bâtiments ornés de mozaïques sont splendides. On se baladera également longuement à travers les rues ayants gardées une architecture coloniale.

Mes maîtres plannifient la suite du voyage avec Julie et Marie, et le préparent notament en achetant des machettes à une artisan au morning market. Je l'avoue c'est surtout Marie et Guillaume qui insistent pour s'équiper de ces objets indispensables à la survie dans... la Jungle !

Point situation Coronavirus :

Hors Chine, l'Asie du sud-est ne semble pas encore affectée par le virus.
Des cas sont pourtant confirmés un peu partout sur le globe.
Emmanuel Macron et son épouse vont au théâtre pour inciter les français à sortir. Il déclare "qu'il n'y a aucune raison, sauf pour les populations fragilisées, de modifier nos habitudes de sortie".

Bisous Laotiens

Le Castor du 92

P.S 1 : plus de photos dans l'album du Cambodge - Luang Prabang

P.S 2 : voici une carte de notre itinéraire et de nos bonnes adresses