L'inoubliable Ratanakiri (Cambodge)

10 février 2020 – 14 février 2020

Le minivan que prennent mes maîtres pour se rendre dans le Ratanakiri est rempli de Cambodgiens. Sur les premiers kilomètres, les chauffeurs font encore preuve de leur ingéniosité quand ils tractent un scooter grâce à une corde !
Une fois l’engin livré, les prochaines heures se passent sans encombres.

L’Eco-lodge de Banlung est très agréable, surtout avec sa terrasse qui offre une superbe vue sur la vallée.
Les français y seront vite alpagués par un guide local qui propose de les emmener dans le parc national pour quelques jours.
Mais les tarifs annoncés sont étonnamment chers…
C’est en début de soirée qu’ils rencontrent 3 autres français : Noelly, Clémence et Yohan.
Ils arrivent tout juste du Laos et espéraient aussi des treks plus abordables…
La décision est prise de passer la journée suivante ensemble pour explorer les environs.

Ils échangent beaucoup d’informations en marchant vers le lac sacré Yeak Laom. Etant à la croisée de leurs voyages, chaque groupe partage ses bons plans ainsi que les mauvais.
Il arrivent enfin devant cette grande étendue d’eau, et font le tour de cet ancien cratère de volcan.
Avec la chaleur environnante, une baignade leur fera le plus grand bien.

Clémence et Noelly abandonnent le groupe, Yohan reste avec mes maîtres le temps de visiter un peu plus Banlung.
Ils passeront par un cimetière, puis iront se rafraîchir vers le lac Kan Seng. Au passage, ils se renseignent sur les prix des treks mais ils sont toujours trop élevés…

Les voici de retour à l’auberge avec l’envie de quitter cette ville qui ne semble pas faite pour eux.

Pendant que Delphine se douche, Yuri vient aborder mon maître une bière à la main.
Cet allemand a trouvé un guide qui propose des tarifs raisonnables ! Voyageant seul, il recherche des compagnons de trek.
Delphine les rejoint, tandis que les garçons approfondissent les termes de l’expérience dans la jungle, au téléphone avec le guide de Highland Tour.
Le rendez-vous est fixé au petit matin, pour partir en trek de 3 jours !



Kimi découvre son groupe enthousiaste et prêt à découvrir la vie dans la jungle du Ratanakiri.
Un rapide passage à l’agence, pour y laisser les sacs, et le groupe embarque dans une voiture qui accepte de démarrer ce matin !
Après que le guide «ait offert» un pack d’eau aux policiers du jour en guise de laissez-passer, le groupe engage le bazou sur une piste ultra poussiéreuse de cette terre rouge.
Les européens espèrent arriver à bon port alors que les policiers corrompus jusqu’à l’os sont déjà loin…
Finalement l’engin les emmènera jusqu’à la rivière Tonle San où les attend une pirogue et son capitaine.
Cet unijambiste connaît la rivière par cœur et surtout ses pièges. Certains indices permettent d’imaginer jusqu’à quel niveau peut monter la rivière en période de pluie, comme une pirogue échouée dans la cime d’un arbre !

Après une heure à naviguer, mon groupe fait la connaissance de Jee. Ce pro de la machette vit dans un village au bord de la rivière, c’est lui qui connaît le mieux la jungle du parc du Virachay, et il assistera Kimi en cas de soucis.
Juste avant d’entrer dans la jungle, les cambodgiens apprennent aux européens à quoi ressemble une noix de cajou, en récoltent une poignée laissant les fruits aux cochons.
Une fois au milieu des bambous, Jee recèle de techniques pour survivre uniquement grâce à sa machette ! Il peut fabriquer une sarbacane pour chasser, tout en sachant où trouver la grenouille qui lui fournira une substance à mettre au bout de sa flèche, qui endormira sa proie.
Les locaux montrent aux autres humains 3 types de bambou qui offrent de l’eau potable une fois coupés, et ils prélèvent un morceau d’écorce d’un arbre pour en faire du thé.

Une fois la montagne franchie, il n’y a plus qu’à redescendre jusqu’à une chute d’eau. C’est la période sèche donc le débit n’a rien d’impressionnant… Le groupe est néanmoins heureux de s’y baigner avant de préparer le dîner. Delphine dérape sur un rocher et s’entaille le pied ! Elle semble souffrir et espère pouvoir remettre ses chaussures de marche le lendemain.
Kimi et Jee piègent quelques petits poissons afin de les faire frire, les européens coupent les légumes qui finiront en ratatouille.
J’imagine que tu aimerais savoir comment on fait une ratatouille dans la jungle ?
Rien de plus simple ! Il te suffit de mettre les légumes et de l’eau dans un grand bambou. Tu le déposes en équilibre au dessus du feu et le tour est joué. Les légumes sont cuits quand le bambou commence à prendre feu !
Le campement étant déjà construit, il ne reste plus aux humains qu’à préparer les hamacs pour la nuit. Une fois les lits en place, l’alcool de riz coule à flot. Il y en a autant que le riz ! Ils le boivent dans des shots en bambou évidement tout juste taillés.
Mes cinq humains s’endorment tôt grâce à la chaleur du feu et de l’alcool, sous un somptueux ciel étoilé et une lune particulièrement lumineuse.

Réveil matinal à la lueur des premiers rayons du soleil. Personne n’a véritablement bien dormi dans son hamac, mais le petit-déjeuner réveille suffisamment le groupe.
Yuri et mes maîtres décident de passer la prochaine nuit sur une île, et non dans la jungle. Avant de quitter le campement, on recharge nos gourdes filtrantes Lifestraw directement dans la rivière. Bien pratique ! 
Les humains finissent la boucle qui les a mené depuis la plage jusqu’à leur campement.
Ma maîtresse arrive à marcher dans la jungle, surtout avec le bâton de marche que Jee lui prépare.
Kimi ébahie ses protégés en leur livrant un des secrets les plus utiles de la jungle : la sève d’un arbre à la capacité de servir de colle imperméable. Pour la récolter, il suffit de brûler l'intérieur du tronc, d’éteindre le feu et d’attendre que l’arbre offre ce trésor.
En y regardant de plus près, presque toutes les pirogues ont des traces de cette «glu» afin de colmater de petites brèches.

Après une demi-journée de marche, mon groupe arrive enfin à la plage. Guillaume et Yuri prennent l'apéro dans le Tonle San.
Après avoir déjeuner, les touristes observent une femme qui vient filtrer l’eau de la rivière, tandis que ses 4 garçons jouent dans l'eau. Elle offre de son précieux liquide à Yuri, mes maîtres remplissent leurs gourdes filtrantes dans la rivière.
Avoir la chance de boire de l’eau potable directement au robinet, cette femme ne sait pas ce que c’est. Globalement en Asie, personne ne le sait. La plupart des gens achètent de l’eau filtrée par une entreprise du village. Habitant dans un village reculé, cette femme passe deux heures tout les X jours pour remonter à sa famille, une vingtaine de litres d’eau rendues potables.
A nouveau dans la pirogue en direction de leur île, les touristes pensent à ce simple geste quotidien qui leur permet de boire de l’eau potable, instantanément et sans le moindre effort. Et à la chance qu’ils ont de vivre en Europe…

Il est temps de monter le camp sur notre plage déserte. Kimi nous indique que le village le plus proche est à quelques kilomètres, sur l'autre rive.
Mes humains se prélassent dans la rivière et se promenent dans les environs jusqu’au coucher du soleil. Ils tombent sur des traces de tortues ! Les cambodgiens espèrent trouver des œufs. Mes maîtres sont soulagés de ne pas les voir finir en omelette.
Du coup, il faut pêcher de quoi préparer quelques brochettes, surveiller par un troupeau de buffalos d’eau qui se rafraîchit dans l’eau !

C’est à la lueur du feu et à couvert d’un splendide ciel étoilé, que notre chauffeur de pirogue raconte son histoire. L’alcool de riz délie les langues ! Kimi traduit en anglais, alors que mon groupe apprend comment cet homme, à l’allure sympathique, a perdu sa jambe… Il se révèle être un ancien soldat Khmer Rouge. Il a été enrôlé de force tandis qu’il avait à peine la force de tenir un fusil… Comme beaucoup dans cette partie du monde, il a marché sur une mine antipersonnel…
Son histoire est très émouvante, mes maîtres n’auraient jamais imaginé rencontrer un homme avec ce passé.
Le peuple cambodgien a trouvé la force, au nom de l’unité de la nation, de pardonner les actes de ces hommes qui ont fait le choix d’obéir plutôt que d’être abattu ou torturé.

C’est un soleil rouge qui réveille ma troupe. Il est rapidement couvert, et offre donc aux humains la chance de se substanter à la fraîche, avant de plier les tentes et de remonter en pirogue.

Ils arrivent au dernier stop de cette aventure. Jee leur fait visiter le village de Kaoh Piek dans lequel il a toujours vécu. Un peu moins de 1000 humains y vivent.
Icite pas d’eau courante, pas de toilettes et un peu d’électricité. On ne peut y parvenir que par la rivière. Souvent 3 générations partagent une maison traditionnelle de cette ethnie Kachok, chaque famille disposant d’une chambre.
Les humains laissent leurs biens chez le chef du village. Jee et Kimi les emmènent d’abord visiter l’école puis le cimetière atypique de ce peuple animiste.

Le groupe aura ensuite la chance d’observer l’habilité d’un forgeron, fumant une sorte de cigare roulé dans une feuille locale. Son enclume est un témoin de plus de l’ingéniosité et du passif douloureux de ce peuple. Oui, oui, regarde bien, c’est un obus désamorcé…
Il fabrique des machettes et n’importe quel outils agricole, sous le regard admiratif des touristes.

Pendant que Delphine joue avec quelques enfants, Jee, ayant visiblement déjà fêter son retour, propose aux européens de joindre une cérémonie.
Une maison est en cours de construction et les fondations sont terminées, étape qui semble importante dans les croyances de ce peuple.
Kimi prévient ses clients que refuser de trinquer est perçu comme mauvaise augure pour les futurs habitants… Impossible de refuser cet alcool de riz, et il semble d’usage de trinquer avec presque chacun des participants !
Un grand silence se fait quand Delphine prend le micro du karaoké, et honore la famille d’un titre de Joe Dassin. Ensuite, ils trinquent à sa santé !
La barbe de mon maître intrigue tout autant. Le père du propriétaire de la maison, ayant bu plus que les autres, s’y intéresse particulièrement.
Personne ne parlant anglais, les discussions se font par signes, photos, sourires ou simplement en portant des toasts.
Néanmoins, Yuri et mes maîtres savourent chaque instant de cet échange humain, unique et tellement spécial.

Jee raccompagne son groupe jusqu’à la pirogue, et les voici s’éloignant de ce village, l’esprit pour le moins embrumé par cette préparation de riz et la chaleur environnante.
Kimi parvient à démarrer sa voiture et ramène ses touristes à Banlung.

Une douche chaude suivi d'un bon burger et d'une bonne nuit de sommeil laisseront un merveilleux souvenir de ce pays, après les trois jours de trek et de découvertes de la jungle et ses environs !

Comme beaucoup de voyageurs, mes maîtres font le choix de ne pas réserver un trajet tout compris jusqu'au 4000 îles, porte d'entrée du Laos.
Si en tant que baroudeur tu n'es pas pressé, c'est le bon choix ! Il suffit de se rendre à Stoeng Treng, puis de magasiner un trajet jusqu'à la frontière. Ce jour-ci, les gardes de l'immigration demandaient trop timidement 2$ de bakchich, ils doivent encore les attendre !

Mes maîtres marchent vers le Laos en se disant qu'ils ont énormément apprécié le Cambodge !

Et justement, il est encore temps de recevoir une carte postale du Cambodge en jouant au jeu-concours !

Point situation Coronavirus :
Pas grand chose ne bouge, on ne sait pas encore grand chose du virus. 
Et pourtant il est déjà présent dans de nombreux pays dont la France, malgré les affiches d'information des aéroports... 

Bisous Cambodgiens

Le Castor du 92

P.S 1 : plus de photos dans l'album du Cambodge - Banlung

P.S 2 : voici une carte de notre itinéraire et de nos bonnes adresses