La paisible Kratie et ses dauphins (Cambodge)
05 février 2020 - 09 février 2020
Après presque une semaine à Siem Reap, il est temps de rejoindre la prochaine destination.
C'est à 6 heures du matin que mes maîtres rencontrent Jacques. Ce français de 76 ans, originaire du Loiret, attend le même bus qu'eux. Il voyage seul au Cambodge pour quelques semaines, sans parler anglais, sans téléphone et avec sa valise à roulettes !
Armé d'un guide touristique et d'une carte, il compte sur la bienveillance des gens pour l'aider à monter dans le bon bus.
Même si la rencontre fut brève, ce voyageur d'un autre temps est une véritable source de réflexion pour Guillaume.
Il y a donc encore des gens capables de voyager sans téléphone intelligent, à l'ancienne ! Mes maîtres essayent d'imaginer à quel point le voyage de cet homme doit être plus "difficile" que le leur, mais surement encore plus fort humainement parlant.
Mon maître est sorti de sa rêverie quand un autre couple de français monte dans le bus. Murielle et Julien, ce couple de bordelais, feront stop dans la même ville que mon couple de voyageurs : Kratie.
Après un changement, les quatre français se retrouvent à l'arrière d'un minivan d'une douzaine de places. Avec eux, il y a une douzaine de cambodgiens, deux poules et les valises de ce joyeux groupe.
La ventillation fonctionne parfois, et ils vont finalement parcourir les 400kms en 8 heures !
Les bordelais séjournent en ville alors que mes maîtres se dirigent vers l'embarcadère pour Koh Trong.
Des grands-parents souhaitent faire une photo de leur petits enfants avec eux, et ils pensent être en direct sur un facebook live filmé peu discrètement.
Ce matin, ils étaient dans une des villes les plus touristiques d'Asie, 12 heures plus tard, on les prend en photo pour leur couleur de peau, et surement pour la barbe de Guillaume.
Ils ne sont pas encore arrivés sur l'île que l'authenticité de cette ville et ses environs leur plaît déjà !
C'est au Pomelo Homestay qu'ils poseront leurs sacs pour les prochaines nuits. Vireak, leur hôte, est un exemple de simplicité.
Etant à quelques mètres du Mékong en saison des pluies, sa maison est construite sur pilotis. Elle est composée d'une grande pièce, une chambre privée, une partie cuisine et une salle d'eau.
La pièce principale est occupée par une télé et quelques tableaux, les pilotis lui servent à séparer la salle en 6 espaces privés si besoin. Des draps et des moustiquaires l'aident à privatiser les chambres où il dépose un matelas sur le plancher en bambou.
Mes maîtres resteront dans la chambre privée, équipée d'un lit double et d'un petit meuble de rangement.
Dans la cuisine tout se prépare dans l'unique wok et au feu de bois !
Et dans la salle de bain, une cuve raccordée aux jarres à l'extérieur qui conservent l'eau de pluie, et un seau pour s'asperger font très bien l'affaire. Cette eau froide sert aussi de chasse d'eau manuel.
Dans son jardin et ses champs, il cultive les fruits, le riz et les légumes dont il a besoin. Il a tellement de mangues que ses deux chevaux s'en régalent souvent.
Les pomelos et les impressionnants fruits du jacquier raviront les prochains voyageurs, ils leur faut encore quelques semaines avant de pouvoir s'en délecter.
Mes maîtres se remettent doucement de leur dernière semaine. Ici, pas question de se stresser et de vivre trop rapidement. Il faut faire comme les locaux ! Les journées passent tranquilement, prendre le temps de ne rien faire quand il fait trop chaud. Vireak a suffisament de hamacs pour le démontrer !
Delphine et son cheum visitent tout de même le village flottant sur la rive ouest de l'île. Rendu malade à cause de manger trop de mangues, Guillaume laisse sa blonde découvir le reste de l'île seule.
Elle emprunte un vélo à son hôte afin de faire le tour de cette île silencieuse, et assiste à un coucher de soleil flamboyant.
C'est aux aurores que les deux français ont rendez-vous avec un certain Lucky. 3 autres touristes se joignent à eux jusqu'à Kampi.
C'est de ce point que commence la balade en kayak dans le Mékong. Le cambodgien explique à son groupe qu'il faut le suivre en tout temps si on veut éviter les îlots cachés par cette rivière tumultueuse !
En effet, selon lui, le Mékong a une crue de presque une vingtaines de mêtres entre la saison des pluies et la saison sèche !
La plupart des arbres que tu vois se retrouvent totalement immergés près de la moitié de l'année...
Descendre ce fleuve en pagayant est vraiment agréable. Les humains ont le temps d'observer quelques rares pêcheurs, des cormorans se laissant sécher les ailes dans le vent, ainsi que quelques buffalos d'eau.
Lucky a prit soin d'apporter à manger pour tout le monde : du riz très collant cuit avec de la coco et des cacahuètes, le tout servi dans un morceau de bambou. Tout cela accompagné de ramboutants (sorte de litchies) !
Après cette pause et un bain rafraichissant, il est temps de se mettre à la recherche des vénérés dauphins de l'Irrawaddy.
Le cambodgien mène son groupe là où le Mékong s'élargit considérablement, une des plus grosse colonies de ces cétacés y a élu domicile. Il y en aurait une trentaine dans les environs.
Cette espèce, considérée par la WWF en danger critique (92 actuellement dans le Mékong), voit sa population croître petit à petit grâce aux effort des associations et des autorités qui luttent contre le braconnage et la pêche illégale.
Il faut que tu saches qu'une femelle conçoit un petit tous les trois ans en moyenne, alors que la mortalité des bébés reste très élevée.
C'est pourquoi des entrepreneurs comme Lucky ont développés les sorties en kayak. Ils ont bien compris que de suivre ces dauphins à l'aide d'un engin à moteur est perturbant et potentiellement dangereux pour eux.
Le peu de touristes qui ont choisi ces embarcations semblaient en prendre conscience un peu trop tard, entourés des kayaks silencieux glissant paisiblement sur l'eau.
Comme pour remercier les humains de respecter pour leur environnement, les dauphins sortent la nageoire et passent parfois à quelques mètres des kayaks. Ils semblent se déplacer plutôt en groupe, de 6 individus maximum.
Lors d'un dernier repas, Lucky racontent enfin la légende de ces dauphins :
Un ange tombe amoureux d'une pauvre jeune fille. Afin de lui rendre visite tous les soirs, il se transforme en python.
Les parents finissent par le découvrir ! L'ange, pour prouver sa bonne foi, les mène jusqu'à un trésor.
La nouvelle circule dans les villages voisins qu'une jeune fille s'est mariée avec un python, et est devenue très riche.
Un paysan se met donc en quête de trouver un serpent et de le marier à sa fille...
Lors de la nuit de noce, le python gobe la jeune fille. Heureusement, ses parents arrivent à temps pour tuer le serpent et sauver leur enfant.
Blessée par les sucs gastriques du serpent, elle décide de se jeter dans le Mékong pour s'y noyer.
Au lieu de sombrer, elle s'est transformée en dauphin d'Irrawaddy.
Mon maître ayant besoin de se reposer et d'air frais, ils quittent Koh Trong pour une chambre dans Kratie.
L'hôtel connaît un chauffeur de tuk-tuk parlant français, Delphine organise une sortie au temple Phnom Sambok. Murielle et Julien partagent le trajet avec mes maîtres, c'est l'occasion de faire plus connaissance.
Après une bonne demi-heure, mon groupe se retrouve au pied des marches, et il y en a !
Il y a aussi beaucoup de bruit craché par des hauts parleurs. Le chauffeur indique aux touristes que c'est le jour de Meak Bochea, la purification de l'esprit.
Après la visite de ce temple, et de belles couleurs sur la campagne environnante pendant le coucher de soleil, les européens se voient conviés par les moines à se joindre à leur célébration.
Ils participent à la procession Wien Tien qui consiste à faire 3 fois le tour de l'autel en portant des bougies, de l'encens ou une fleur de lotus, pour vénérer Bouddha, ses enseignements et la vie monastique.
Une pizza sur le bord du Mékong le temps de se remettre de ces émotions et de cette bienveillance bouddhique, et ils profitent de leur soirée entre français.
Avant de quitter cette ville, il faut faire une lessive ! C'est l'occasion de payer le double parce qu'on est blanc : un panneau en cambodgien indique les prix en riels, un en anglais est en dollars. Quand tu convertis, c'est trop tard !
Delphine va interviewer Lucky pour un montage, et mes humains se préparent pour leur prochaine destination ! Un dernier coucher de soleil sur le Mékong pour cloturer la belle surprise que fut la ville de Kratie.
Point situation Coronavirus :
La situation ne semble pas évoluer. Les chinois sont confinés dans leur pays.
Bisous Cambodgiens
Le Castor du 92
P.S 1 : plus de photos dans l'album du Cambodge - Kratie
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