Semaine 61 - Ça pick, ça pick, ça progresse (Colombie-Britannique)

8 août 2018

Semaine 61 - Ça pick, ça pick, ça progresse (Colombie-Britannique)

Bon matin la gang,

C’est quand sonne le réveil que mes humains sont bien contents d’avoir pris leur dimanche de repos ! Ils ont rendez-vous à 5h devant la maison bleue, avec l’oncle d’Aman. Ce dernier leur demande de le suivre jusqu’à la prochaine ferme, leur donne bucket et harnais, leur désigne une ligne de cerisiers et leur annonce que le boss arrivera vers 8h…
Avec Alex, ils attaquent donc cette rangée, avec une bonne surprise : ces cerises pleines de pesticides ont au moins un avantage, elles sont énormes ! La semaine s’annonce meilleur pour les français et leur compagnon de Nouvelle-Ecosse.

C’est un indien Punjabi qui vient se présenter comme étant le boss. Une des premières choses qu’il demande aux 3 pickers est de mettre plus de cerises dans les paniers… On est loin du management de Walt, Aman et Pama…
Il leur fourni aussi un bucket chacun, maintenant ce n’est plus 10 livres de cerises mais 20 livres (environ 9,5kg un peu plus lourd qu’un pack d’eau) qu’ils doivent récolter par fournée !

Mes maîtres travaillent sur le même arbre, chacun d’un côté. Pour ne pas perdre de temps, et comme Delphine se sent téméraire, elle monte même sur l’échelle pour s’occuper des tops. 24 paniers pour cette première journée ! C’est encourageant, Cela représente ¼ de plus que la semaine dernière.

De retour au camp, le feu est toujours bien présent. Nous apercevons de grosses flammes de la rivière pendant notre baignade.

Retour à l’ombre des cerisiers. Encore une bonne journée avec 26 paniers ramassés. Guillaume va fêter l’évènement au golf en profitant de payer 10,5 dollars pour 18 trous ! Je m’amuse à le suivre sur ce parcours situé dans une autre vallée désertique. Ses partenaires du jour le regardent d’abord bizarrement avec son sac cousu à partir d’un pantalon de Delphine et ses 4 clubs plus vieux que lui… Ils finiront par l’appeler « The french robot » !
Au milieu de ce golf enfumé où les canadiens jouent seulement en voiturette et en buvant leur poids en bières, mon maître se contente d’eau vu la chaleur et déteint dans le paysage en marchant avec sa chemise à carreaux sale de tâches de cerises…
Au bord d’un green j’aperçois un cerf qui semble habitué à la présence humaine, et espère que les joueurs lui offrent quelques chips…
De retour au camp, Delphine nous apprend que sans surprise elle a passé son après-midi à la rivière.

Mercredi matin, Alex ne se pointe pas au rendez-vous matinal…
Cela n’empêche pas mes maîtres de finir la rangée et d'avoir 24 paniers à la fin de la journée. Pour fêter leur nette progression, ils s’offrent un bon gros et gras burger !
Après un saut dans la rivière, nous observons du campement l’ampleur que le feu a prit. De l’autre côté de la vallée, l’incendie a presque progressé jusqu’au niveau des maisons de la réserve de natifs, malgré la dizaine d’hélicoptères qui essayent de contrôler le feu !

Nous apprenons que de ce côté de la rivière, les gens des premières nations ont étés évacués… Le soir venu l’incendie est encore plus impressionnant, il y a du vent et les flammes en profitent pour s’étendre et continuer de ravager le flan de la montagne.

Nos collocs’ rentrent de leur petit périple dans les Rocheuses alors que nous dormons profondément.

Au réveil à 3h45, le couple de français est saisi par le spectacle qui s’offre à leurs yeux. Les flammes sont partout sur la montagne. Mes maîtres sont époustouflés par cette peinture impressionnante qui s’offre à eux. Ils sont partagés par la beauté des flammes et des braises éparpillées dans la nuit noire et effrayés par la réalité que cela implique…

En arrivant au verger, une autre surprise les attend… Quelques personnes ont vandalisé le champ durant la nuit. Des insultes sont écrites au fond des buckets qui n’ont pas été volés, et les échelles sont éparpillées dans le champ. Au moins, les arbres ne semblent pas avoir été touchés.

Le contremaître envoi les 3 pickers sur une rangée où il y a déjà un mexicain. Il ne semble pas content de voir débarquer d’autre pickers sur sa rangée… Qu’importe, il faut bien finir les rangs. Alex fuit le conflit et profite de l’ombre des cerisiers pour se sustenter, sa crème solaire rempli très bien le rôle de fourchette !

Malgré toutes ces émotions, c’est un nouveau record qui tombe : mes maîtres finissent la journée à 27 paniers de 20 livres.
Un passage à la rivière semble obligatoire même s’il ne fait pas si chaud que ça, la fumée couvrant le soleil. Le feu semble avoir reculé un peu.

Alex a encore trop bu hier et n’est pas capable de se lever ce matin… De retour après nos 26 paniers, nos colocs’ nous apprennent que nous n’avons pas le droit de profiter de la rivière. Finalement, l’incendie a encore progressé et le pont surplombant notre havre de paix fait office de frontière. Seuls les véhicules de secours sont autorisés après ce point. Nous ne pouvons qu’observer, impuissants, le chasser/croiser des hélicoptères déversant de l’eau de la rivière sur les flammes, et allant remplir leurs réserves d’eau.

Dernier jour de picking ! Alex a trouvé au fond de lui la force de se lever. Dans le noir, nous ne pouvons que constater que l’incendie profite de la nuit de repos pour re-étendre son territoire… Mes maîtres ont peut-être sauvé une partie de la réserve des natifs et quelques vignobles ! En effet, à 4h30 il n’y a pas tant de circulation que ça… Mes couinements les ont avertis que la lueur qu’ils apercevaient après un virage n’était pas un lampadaire… Une braise a dû s’envoler loin de son foyer d’origine pour démarrer un feu de notre côté de la vallée ! Il est au bord de la route, et pour l’instant ne fait pas plus de 10x4 mètres. On ressent quand même bien la chaleur depuis la voiture. Un coup de fil au 911 et nous réveillons la caserne de pompier locale, puis reprenons la route pour les cerisiers ! Quelques kilomètres plus loin, un camion nous croise sirènes hurlantes. A n’importe quelle heure, ces vaillants combattants du feu sont réactifs !

Soulagés, le couple de français finit de travailler à 11h. Le contremaître semble déçu quand ils lui annoncent qu’ils ne viendront pas travailler un dimanche ! Il leur propose de venir récupérer leurs chèques à la même heure le lendemain.
Sur la route du retour nous pouvons constater l’ampleur qu’avait pris notre « petit » feu du matin… La paille bien sèche est maintenant noircie sur environ 50x10 mètres, mais ce feu est maitrisé.

Delphine se couche tôt alors que Guillaume apprend à Victor, Andrea et Guillermo à jouer au Wizard.

Réveil dominical vers 9h pour ne pas rater la remise du chèque ! Mes maîtres se méfiaient de leurs employeurs indiens (oui, oui d’Inde sinon j’aurais dit amérindiens) pour différentes raisons. C’est avec surprise qu’il n’y a aucune trace d’eux à 11h…
Mais le boss arrive en retard pour une autre raison : ils préparent une pizza party de fin de picking !
Ce sont donc les poches pleines et le ventre rempli que mon couple de français se dirige vers le centre ville pour admirer un rassemblement de vieilles voitures.

Direction le campement pour quelques parties du jeu de Go et sieste pour Delphine.

La chaleur étant étouffante, et la rivière interdite, nous prenons la route du lac Osoyoos pour se rafraichir, et les humains finissent cette éprouvante semaine autour d’un jeu de cartes.